Le Mont Bromo – superbe paysage lunaire :
Nous partons de Jokjakarta en mini-bus direction le Mont Bromo. Le voyage s’annonçait long, soit 10h de
mini-bus sans clim, avec des sièges peu confortables … il sera finalement très très long, soit 15h
de transport et un chauffeur à la conduite plus que sportive !
Arrivés à 23h, nous filons nous coucher, le ventre vide et espérant que le spectacle du lendemain matin nous
récompensera de tous ces efforts !
Levés à 4h du matin, on attend impatiemment la Jeep déjà payée, craignant d’être tombés sur une
arnaque (a priori courantes en Indonésie)…ouf, ils arrivent !
Le spectacle valait vraiment tout ce voyage, surtout à l’aube : le paysage lunaire de la caldeira de 10km de
diamètre est superbe et les 3 cratères (dont le Bromo, 2392m) qui en jaillissent rendent l’endroit d’autant
plus unique.
Nous n’aurons pas la chance d’apercevoir l’impressionnante silhouette du Mont Semeru (3676 m), volcan le
plus actif et point culminant de Java, qui aurait bien complété ce paysage de carte postale !
Quelques minutes de marche et nous arrivons en haut du cratère du Bromo; nous n’en sommes plus à notre premier
volcan mais ils sont tous très différents et aussi impressionnants, on ne saurait s’en lasser !
Le temps de reprendre quelques forces autour d’un bon petit déjeuner et il faut déjà repartir, direction un
autre volcan, le « Kawa Ijen », davantage connu pour le dur labeur des porteurs de soufre.
Le Kawa Ijen et le labeur des porteurs de soufre :
Décidément, il est difficile d’avoir une idée juste des temps de trajet… les 4h de mini bus se transformeront
en 6 bonnes heures dont une dernière partie très cahoteuse.
Nous traversons des plantations de café, des villages reculés, et arrivons enfin non loin du Kawa Ijen.
Un peu de détente à l’hôtel et nous réglons le réveil à…3h30, promettant à Sophie que la semaine
suivante sera plus reposante !
Il fait encore nuit quand nous reprenons la route, arrivant rapidement au pied du volcan. Alors que
nous commençons la randonnée d’une heure qui nous conduira en haut de cratère, nous rencontrons les
premiers porteurs. Certains nous emboîtent le pas, souriant, discutant, prenant leur temps pour remonter
les paniers vides. Puis nous apercevons les premiers porteurs « chargés » : leur pas est étonnamment
rapide mais leur déhanchement et leur épuisement apparent nous portent à croire que la charge est
importante…
Et effectivement, nous avons essayé de soulever ces deux paniers en bambous de près de 80kg, reposant
sur une seule épaule : la tâche nous a tout simplement semblé, à notre niveau, impossible.
Certains porteurs, parfois chaussés de simples tongues, font jusqu’à deux A/R de 4 à 6h chacun, remontant
le soufre le long des parois abruptes et caillouteuses du volcan.
Après une heure de montée à travers un large chemin de terre, nous arrivons non loin du sommet du cratère.
Les porteurs pèsent leurs paniers, se reposent quelques instants et s’arrêtent parfois pour acheter
cigarettes, fortifiants ou boissons. Un business de vente de petites sculptures en soufre s’est développé,
un petit objet rapportant souvent davantage que plusieurs kg de soufre transportés…
Nous entamons notre descente vers le cœur du volcan, sans trop savoir à quoi nous attendre. Les nuages
recouvrent le cratère et la visibilité étant ainsi réduite, nous entamons la descente avec prudence.
Le travail des porteurs, qui remontent le cratère du volcan, nous apparaît de plus en plus pénible. Alors que
nous arrivons au fond du cratère, le ciel se dégage et nous apercevons le lac acide, d’une belle
couleur turquoise.
C’est ici que se fait le ramassage du soufre. Les émanations sulfureuses sont conduites à travers
de longs tuyaux le long des flans du volcan puis forment des blocs de soufre d’un jaune intense.
C’est ensuite que, protégés des gaz corrosifs à l’aide d’un simple morceau de tissu, les travailleurs
détachent puis ramassent des blocs de plusieurs kilogrammes. Le vent tourne, le nuage de soufre se dirige
vers nous et nous fait tousser. Il semblerait que les ramasseurs n’aient pas ou peu de problèmes de santé…
nous avons un peu de mal à le croire.
Payés environ 5 fois plus qu’un travailleur agricole, ils gagnent 600 roupies (soit 5 centimes d’euros)
par kg de soufre, soit un salaire approximatif de 100€ pour 15 jours de travail par mois.
Le soufre est ensuite employé pour les cosmétiques, engrais ou encore insecticides.
De nombreux reportages et documentaires (dont un « Faut pas rêver »en 2009) ont été réalisés ici,
montrant les difficiles conditions de travail des mineurs, mais il semblerait que rien n’ait changé.
Nous restons quelques minutes à observer, silencieux et un peu mal à l’aise. Nous remontons les pentes
du volcan, offrons nos biscuits et bouteilles d’eau, achetons quelques sculptures en passant, des fortifiants
ou encore des cigarettes, des petites attentions qui semblent leur faire sincèrement plaisir.
Tout aussi marquante que la descente dans les mines de Potosi (Bolivie), cette expérience nous invite une
nouvelle fois à davantage d’humilité et à une prise de recul sur nos propres « faux » problèmes…
Sophie, qui en est à son premier grand voyage, en ressortira d’autant plus bouleversée.
Nous reprenons la route pour parcourir les quelques dizaines de kilomètres qui nous séparent de l’extrémité
est de l’île de Java.
Là-bas, nous prendrons un bateau pour rejoindre l’île de Bali… à suivre dans notre prochain article !
Galerie Photos :